Plaidoyer à l’attention des candidats à la présidentielle

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À l’heure où la population urbaine ne cesse de croître, la végétalisation des villes est devenue un outil incontournable des politiques publiques.

Les bénéfices apportés par la nature en ville sont nombreux et indiscutables : confort et santé (îlot de fraîcheur, bien-être, qualité de l’air), services culturels (lieu de pédagogie, reconnexion au vivant), préservation de la biodiversité (continuités écologiques, captation des eaux pluviales) et changement climatique (séquestration carbone).

Nos jardiniers et nos paysagistes concepteurs se confrontent à quatre éléments indispensables à la vie sur terre : l’eau, le sol, le soleil et la biologie végétale. C’est leur terrain de jeu quotidien.

Les paysagistes concepteurs et les entreprises de paysage associées qui œuvrent à rendre les villes plus végétales sont pourtant les parents pauvres de la chaîne de valeur de l’immobilier et de la ville.

La Nature est un bien commun. Elle doit faire l’objet d’investissements massifs de la part des acteurs privés et publics afin de rémunérer en conséquence ceux qui travaillent à la promouvoir.

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Des paysagistes-concepteurs et des jardiniers qui œuvrent pour le vivant

Les paysagistes concepteurs et les jardiniers doivent être associés en amont de tout projet urbain pour préserver les écosystèmes en place et développer des espaces de nature résilients.

La conception paysagère nécessite des savoirs variés et complémentaires : botanique, pédologie, urbanisme, hydrographie, géologie, géographie, sciences humaines et sociales. Elle va au-delà d’une simple conception paysagère puisqu’elle contribue directement au vivant. Son rôle est stratégique dans la transition écologique. Sa mission est d’intérêt public.

Le principe de rémunération actuel des paysagistes doit être revu. Aujourd’hui, les maîtrises d’œuvre sont rémunérées en pourcentage d’un budget travaux. Les honoraires des architectes et des paysagistes sont calculés selon un modèle essentiellement quantitatif car ils sont directement corrélés à la surface du projet.

Or, compte tenu des enjeux environnementaux et sociaux actuels, il serait pourtant dans l’intérêt de tous de concevoir des projets immobiliers et d’infrastructures écologiques, qui créent du lien social, du bien-être, du confort, favorisent la santé publique, la biodiversité et la décarbonation de nos villes.

La rémunération de tous les acteurs de la maîtrise d’œuvre ne doit-elle donc pas intégrer la qualité de conception des projets à travers un coefficient d’impact écologique et social ?

Le pourcentage de surface végétalisée, le carbone séquestré par les végétaux, la captation d’eau, ou la diversité végétale sont autant d’impacts positifs mesurables qui permettent un vrai changement de paradigme. Voilà le véritable enjeu. Il nous faut sans tarder faire du concepteur-paysagiste et de ceux qui végétalisent la ville des acteurs de premier plan rémunérés en conséquence.

En finir avec la doctrine du moins-disant des commandes publiques et privées pour les entreprises de paysage

La végétalisation, variable d’ajustement en fin de chantier

La végétalisation est systématiquement la variable d’ajustement des acteurs de l’immobilier et de la construction, auxquels elle est associé par défaut : « construire » n’étant pas « planter ». Le paysage subit une double peine : il arrive après le bâti quand tous les autres corps d’état sont passés et ont été rémunérés, et constitue la marge finale, sur laquelle celui qui construit peut compter afin d’augmenter son bilan. Le lot dit « espaces verts » compte pour 2% du prix de revient d’un projet immobilier.

Le résultat est sans appel : les prix sont systématiquement tirés vers le bas, la règle du moins-disant règne et les chantiers de paysage deviennent de moins en moins rentables pour les entreprises quand ils ne sont pas à perte.

La conséquence ? Un secteur du paysage qui emploie des milliers de petites entreprises, incapable de se structurer face à un système de production immobilière, qui compresse les coûts, réduit les marges, et multiplie les mises en concurrence pour obtenir le meilleur prix.

Paradoxe ultime de notre société contemporaine qui vise à construire toujours plus, sans investir dans la préservation de la nature et du vivant. Nous demandons que les lots dits « d’espaces verts » soient sanctuarisés financièrement dans la commande publique et privée.

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Des contrats d’entretien au rabais

L’entretien de nos paysages urbains a un impact considérable sur la biodiversité et les écosystèmes. Là encore, notre système économique n’est pas favorable.

Les collectivités et les villes sont volontaristes et ont compris la place du végétal dans la ville. Elles inaugurent jardins publics, parcs et coulées vertes qui rencontrent un véritable succès auprès des habitants. Cependant, l’entretien de l’espace végétalisé est souvent appréhendé uniquement en termes de coûts. Un deuxième critère écologique permettrait de favoriser les entreprises qui s’engagent sur des pratiques durables.

Il en va de même pour les acteurs privés, pour lesquels la gestion des espaces verts est perçue comme un poste de coûts, où le travail d’un jardinier ne représente pas de valeur ajoutée.
L’expression « espaces verts » exprime très clairement comment le monde économique perçoit cette activité : une mesure de surface, de couleur verte, sans aucune considération pour le vivant ou la biodiversité. La mesure de l’entretien des « espaces verts » a été jusqu’ici essentiellement quantitative, mesurée en m² entretenus et en temps de travail.

En cause, la financiarisation de l’économie, qui a contribué à concentrer les métiers à haute valeur ajoutée dans les grands groupes mondiaux afin de rémunérer au mieux les actionnaires, en externalisant les métiers à faible valeur ajoutée à d’autres acteurs – eux-même devenus des grands groupes – qui sous-traitent à moindre coût leur prestations d’entretien d’ « espaces verts », de nettoyage, d’accueil… Un système non vertueux qui crée une rupture dans le monde du travail entre ouvriers, employés et cadres supérieurs. La rentabilité des entreprises de paysage s’en trouve fortement affaiblie. Pourtant, elles recrutent beaucoup et maillent l’ensemble du territoire avec des emplois non délocalisables et durables. L’évolution du secteur conduit les acteurs à se concentrer pour acquérir une certaine taille afin d’être toujours plus compétitif dans un secteur très concurrentiel.

Ce système conduit à une impasse : les espaces végétalisés font l’objet de sous-investissements alors même qu’ils sont une contribution stratégique à la résilience des villes face au changement climatique.

Nous prônons un autre système de partage de la valeur où l’entretien de nos espaces paysagers et naturels ne serait pas considéré uniquement comme un coût, mais comme un levier pour opérer la transition écologique désirée par tous, objet de santé publique, de lien social et de résilience des villes.

Nous souhaitons que les candidats à la présidentielle s’engagent sur une réforme du droit de l’urbanisme

Nous souhaitons inscrire dans la loi plusieurs mesures :

  1. Imposer aux entreprises et aux acteurs publics le recours à un paysagiste et à un écologue pour toute construction ou rénovation immobilière
  2. Imposer des critères de végétalisation (qualitatifs) dans les permis de construire
  3. Imposer un pourcentage de végétalisation (quantitatif) dans les permis de construire
  4. Augmenter ou sanctuariser la pleine terre (toute surface non artificialisée) dans tous les projets de construction
  5. Imposer une gestion écologique pour tout nouvel espace de nature en ville
  6. Imposer un malus pour tout abattage d’arbres en ville
  7. Sanctuariser les marchés de travaux espaces verts dans la commande publique et privée

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Nous souhaitons que les candidats à la présidentielle s’engagent sur un nouveau pacte avec la nature en ville

  1. Reconnaître les espaces verts comme outil de santé publique
  2. Sanctuariser les espaces de nature en ville
  3. Inciter l’enseignement supérieur à intégrer des cours sur le changement climatique et la perte de la biodiversité
  4. Favoriser dès l’école primaire un éveil à la nature et au jardin
  5. Imposer des diagnostics écologiques sur les espaces publics en chaque début et fin de mandat
  6. Créer des parcs et jardins sur les délaissés urbains artificialisés et imperméabilisés
  7. Instituer un principe de sobriété foncière dans les politiques urbaines

Ces différentes propositions permettraient d’investir l’ensemble de la chaîne de valeur des métiers du paysage qui œuvrent au quotidien pour rendre les villes résilientes et vivables dans une trajectoire climatique à +2°C maximum à l’horizon 2050.

Nous demandons un engagement concret des candidats à l’élection présidentielle.

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Gautier et Benjamin la Combe
Fondateurs de MUGO

AUTRES ACTUALITÉS

Plaidoyer à l’attention des candidats à la présidentielle

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À l’heure où la population urbaine ne cesse de croître, la végétalisation des villes est devenue un outil incontournable des politiques publiques.

Les bénéfices apportés par la nature en ville sont nombreux et indiscutables : confort et santé (îlot de fraîcheur, bien-être, qualité de l’air), services culturels (lieu de pédagogie, reconnexion au vivant), préservation de la biodiversité (continuités écologiques, captation des eaux pluviales) et changement climatique (séquestration carbone).

Nos jardiniers et nos paysagistes concepteurs se confrontent à quatre éléments indispensables à la vie sur terre : l’eau, le sol, le soleil et la biologie végétale. C’est leur terrain de jeu quotidien.

Les paysagistes concepteurs et les entreprises de paysage associées qui œuvrent à rendre les villes plus végétales sont pourtant les parents pauvres de la chaîne de valeur de l’immobilier et de la ville.

La Nature est un bien commun. Elle doit faire l’objet d’investissements massifs de la part des acteurs privés et publics afin de rémunérer en conséquence ceux qui travaillent à la promouvoir.

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Des paysagistes-concepteurs et des jardiniers qui œuvrent pour le vivant

Les paysagistes concepteurs et les jardiniers doivent être associés en amont de tout projet urbain pour préserver les écosystèmes en place et développer des espaces de nature résilients.

La conception paysagère nécessite des savoirs variés et complémentaires : botanique, pédologie, urbanisme, hydrographie, géologie, géographie, sciences humaines et sociales. Elle va au-delà d’une simple conception paysagère puisqu’elle contribue directement au vivant. Son rôle est stratégique dans la transition écologique. Sa mission est d’intérêt public.

Le principe de rémunération actuel des paysagistes doit être revu. Aujourd’hui, les maîtrises d’œuvre sont rémunérées en pourcentage d’un budget travaux. Les honoraires des architectes et des paysagistes sont calculés selon un modèle essentiellement quantitatif car ils sont directement corrélés à la surface du projet.

Or, compte tenu des enjeux environnementaux et sociaux actuels, il serait pourtant dans l’intérêt de tous de concevoir des projets immobiliers et d’infrastructures écologiques, qui créent du lien social, du bien-être, du confort, favorisent la santé publique, la biodiversité et la décarbonation de nos villes.

La rémunération de tous les acteurs de la maîtrise d’œuvre ne doit-elle donc pas intégrer la qualité de conception des projets à travers un coefficient d’impact écologique et social ?

Le pourcentage de surface végétalisée, le carbone séquestré par les végétaux, la captation d’eau, ou la diversité végétale sont autant d’impacts positifs mesurables qui permettent un vrai changement de paradigme. Voilà le véritable enjeu. Il nous faut sans tarder faire du concepteur-paysagiste et de ceux qui végétalisent la ville des acteurs de premier plan rémunérés en conséquence.

En finir avec la doctrine du moins-disant des commandes publiques et privées pour les entreprises de paysage

La végétalisation, variable d’ajustement en fin de chantier

La végétalisation est systématiquement la variable d’ajustement des acteurs de l’immobilier et de la construction, auxquels elle est associé par défaut : « construire » n’étant pas « planter ». Le paysage subit une double peine : il arrive après le bâti quand tous les autres corps d’état sont passés et ont été rémunérés, et constitue la marge finale, sur laquelle celui qui construit peut compter afin d’augmenter son bilan. Le lot dit « espaces verts » compte pour 2% du prix de revient d’un projet immobilier.

Le résultat est sans appel : les prix sont systématiquement tirés vers le bas, la règle du moins-disant règne et les chantiers de paysage deviennent de moins en moins rentables pour les entreprises quand ils ne sont pas à perte.

La conséquence ? Un secteur du paysage qui emploie des milliers de petites entreprises, incapable de se structurer face à un système de production immobilière, qui compresse les coûts, réduit les marges, et multiplie les mises en concurrence pour obtenir le meilleur prix.

Paradoxe ultime de notre société contemporaine qui vise à construire toujours plus, sans investir dans la préservation de la nature et du vivant. Nous demandons que les lots dits « d’espaces verts » soient sanctuarisés financièrement dans la commande publique et privée.

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Des contrats d’entretien au rabais

L’entretien de nos paysages urbains a un impact considérable sur la biodiversité et les écosystèmes. Là encore, notre système économique n’est pas favorable.

Les collectivités et les villes sont volontaristes et ont compris la place du végétal dans la ville. Elles inaugurent jardins publics, parcs et coulées vertes qui rencontrent un véritable succès auprès des habitants. Cependant, l’entretien de l’espace végétalisé est souvent appréhendé uniquement en termes de coûts. Un deuxième critère écologique permettrait de favoriser les entreprises qui s’engagent sur des pratiques durables.

Il en va de même pour les acteurs privés, pour lesquels la gestion des espaces verts est perçue comme un poste de coûts, où le travail d’un jardinier ne représente pas de valeur ajoutée.
L’expression « espaces verts » exprime très clairement comment le monde économique perçoit cette activité : une mesure de surface, de couleur verte, sans aucune considération pour le vivant ou la biodiversité. La mesure de l’entretien des « espaces verts » a été jusqu’ici essentiellement quantitative, mesurée en m² entretenus et en temps de travail.

En cause, la financiarisation de l’économie, qui a contribué à concentrer les métiers à haute valeur ajoutée dans les grands groupes mondiaux afin de rémunérer au mieux les actionnaires, en externalisant les métiers à faible valeur ajoutée à d’autres acteurs – eux-même devenus des grands groupes – qui sous-traitent à moindre coût leur prestations d’entretien d’ « espaces verts », de nettoyage, d’accueil… Un système non vertueux qui crée une rupture dans le monde du travail entre ouvriers, employés et cadres supérieurs. La rentabilité des entreprises de paysage s’en trouve fortement affaiblie. Pourtant, elles recrutent beaucoup et maillent l’ensemble du territoire avec des emplois non délocalisables et durables. L’évolution du secteur conduit les acteurs à se concentrer pour acquérir une certaine taille afin d’être toujours plus compétitif dans un secteur très concurrentiel.

Ce système conduit à une impasse : les espaces végétalisés font l’objet de sous-investissements alors même qu’ils sont une contribution stratégique à la résilience des villes face au changement climatique.

Nous prônons un autre système de partage de la valeur où l’entretien de nos espaces paysagers et naturels ne serait pas considéré uniquement comme un coût, mais comme un levier pour opérer la transition écologique désirée par tous, objet de santé publique, de lien social et de résilience des villes.

Nous souhaitons que les candidats à la présidentielle s’engagent sur une réforme du droit de l’urbanisme

Nous souhaitons inscrire dans la loi plusieurs mesures :

  1. Imposer aux entreprises et aux acteurs publics le recours à un paysagiste et à un écologue pour toute construction ou rénovation immobilière
  2. Imposer des critères de végétalisation (qualitatifs) dans les permis de construire
  3. Imposer un pourcentage de végétalisation (quantitatif) dans les permis de construire
  4. Augmenter ou sanctuariser la pleine terre (toute surface non artificialisée) dans tous les projets de construction
  5. Imposer une gestion écologique pour tout nouvel espace de nature en ville
  6. Imposer un malus pour tout abattage d’arbres en ville
  7. Sanctuariser les marchés de travaux espaces verts dans la commande publique et privée

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Nous souhaitons que les candidats à la présidentielle s’engagent sur un nouveau pacte avec la nature en ville

  1. Reconnaître les espaces verts comme outil de santé publique
  2. Sanctuariser les espaces de nature en ville
  3. Inciter l’enseignement supérieur à intégrer des cours sur le changement climatique et la perte de la biodiversité
  4. Favoriser dès l’école primaire un éveil à la nature et au jardin
  5. Imposer des diagnostics écologiques sur les espaces publics en chaque début et fin de mandat
  6. Créer des parcs et jardins sur les délaissés urbains artificialisés et imperméabilisés
  7. Instituer un principe de sobriété foncière dans les politiques urbaines

Ces différentes propositions permettraient d’investir l’ensemble de la chaîne de valeur des métiers du paysage qui œuvrent au quotidien pour rendre les villes résilientes et vivables dans une trajectoire climatique à +2°C maximum à l’horizon 2050.

Nous demandons un engagement concret des candidats à l’élection présidentielle.

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Gautier et Benjamin la Combe
Fondateurs de MUGO

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